Alte Sprachen lernen

Groupe de travail pour les relations publiques

Table des matières

Résumés, trad. et trahisons par Ch. Haller

Relations publiques

A. Kurmann

Il ne manquera sans doute pas, çà et là de maîtres de langues anciennes pour lever les bras au ciel en apprenant que le grec et le latin sont désormais tombés si bas que c'est en s'abaissant à leur payer de la publicité qu'on va tenter de redresser leur situation.

Le comité de l'ASPC se veut pragmatique. Il est d'avis qu'on ne doit pas se résigner à accepter sans autre la fragilisation des langues anciennes au sein de la nouvelle maturité, et la chute de candidats à leur apprentissage. Il cherche à donner suite aux diverses interpellations que lui ont adressées des collègues qui, certes, craignent pour leur poste, mais surtout regrettent de voir des valeurs qui leur tiennent profondément à coeur menacées de disparition à brève échéance.

Dans ces conditions, c'est, pour le comité, un devoir de se manifester; il faut intervenir bien sšr pour que des milieux qui ne se préoccupent plus - ou pas encore - des langues anciennes ouvrent les yeux sur leur existence. Mais il faut surtout que nous adoptions nous-mêmes une nouvelle attitude face à cet enseignement auquel nous nous identifions trop souvent sans nous remettre en question.

Un groupe de travail s'est dès lors formé, dont les premiers résultats constituent l'essentiel de ce bulletin. La question de fond quot;Pourquoi le latin? Pourquoi le grec?quot; y a été traitée sous divers aspects. Deux des textes présentent une réflexion systématique sur les avantages de l'apprentissage des langues anciennes (R. Surbeck et Th. Wirth); dans un troisième, A. Kurmann a tenté de formuler les mêmes arguments dans une quot;lettre aux parentsquot;. E. Kuster fait ensuite état d'une campagne d'information bien menée; finalement figure un projet de poster suivi d'une évocation de témoignages recueillis par A. Schobinger auprès d'anciens élèves.

quot;On sait déjà tout ça!quot;, vous direz-vous à la lecture de ces textes. Oui, on sait tout ça. Et pourtant, pour nous, au sein du groupe, ce fut un pas en avant de le formuler, c'était important aussi d'en cibler les destinataires... Nous ne saurions trop vous encourager à vous livrer au même exercice, à rédiger vous-même, sous un certain angle, un texte sur le sujet...

Mais avant tout, cher (et chère) collègue, nous aimerions vous convier à nous retrouver à Fribourg lors de l'A.G. du 7 novembre. Venez discuter avec nous, apportez-nous vos idées, il y aura des décisions à prendre... Et puis, un spécialiste en relations publiques et publicité sera là!

Alois Kurmann

Et la suite?

Un spécialiste en relations publiques et publicité assistera à l'A.G.. Il nous présentera un projet d'action à long terme qui devrait ramener les élèves vers l'apprentissage du grec et du latin; il nous en présentera aussi le cošt. Le comité proposera des possibilité de financement.

L'A.G. devra décider:

  • si nous voulons nous assurer la collaboration d'un institut de relations publiques,
  • si nous pouvons en accepter le financement.

Étant donné le caractère inhabituel de ces points de l'ordre du jour, étant donné aussi les implications financières considérables qu'ils supposent, il est très important que la participation à l'A.G. soit représentative de nos membres. Nous comptons sur votre présence!


Le latin - plus que jamais

R. Surbeck

1. Le latin - une langue morte?

Le latin est peut-être une langue morte, mais ses langues filles sont bien vivantes: l'espagnol, le français, l'italien, le portugais, ... Et le fait qu'elles continuent d'évoluer montre bien leur vigueur. Si l'on apprend les langues vivantes pour les parler, il n'est pas inutile d'approfondir une langue pour en pénétrer les constructions, le fonctionnement du point de vue de la grammaire, de la syntaxe, du contenu: le latin s'y prête mieux que toute autre. Pour apprendre à parler une langue, on prend des cours de langue. Pour pénétrer une langue, on apprend le latin. Aujourd'hui plus que jamais, car une fois acquise la capacité de reconnaître les structures d'une langue, il est aisé de l'appliquer à tout travail linguistique. Le latin est donc vivant dans la mesure où il offre un bon exemple pour apprendre une langue en soi et il n'est pas inutile de connaître la langue mère pour apprécier et comprendre ses filles.

2. Le latin est une langue logique

En tant que langue, le latin n'est pas plus logique qu'une autre, mais bon nombre de ses propriétés - plus que celles des langues vivantes - rendent davantage possible l'examen en profondeur du système: cas-fonctions, conjugaisons, subordonnées et équivalents.

L'observation et la réflexion uniquement basées sur la logique ne suffiront pas à venir à bout du latin, il faudra encore savoir combiner les éléments et faire preuve de quelque créativité, ce dont nous avons tous besoin. Pour arriver au contenu, il faudra travailler l'expression et la pensée.

3. A quoi bon traduire du latin? Tout est déjà traduit!

C'est vrai, mais l'exercice de la traduction permet d'apprécier la qualité de notre expression et de l'améliorer constamment. Traduire des textes littéraires de haute valeur fait davantage prendre conscience de la langue maternelle.

4. Le latin est une langue d'impérialistes

D'accord, mais qu'en est-il de l'anglais? Le latin, c'était l'anglais d'il y a 2000 ans. Apprendre le latin amène aussi à réfléchir sur la question de la contribution d'une langue à répandre une civilisation, en tant que facteur culturel unificateur. Apprendre le latin, c'est mieux comprendre le présent par le passé, c'est avoir un arrière-plan de référence.

5. Le latin ne sert à rien

L'utilité du latin n'est pas immédiate: pouvoir commander un café ou, comme ce fut le cas pendant longtemps, s'entretenir avec un autre Européen cultivé. C'est un profit à long terme, tout aussi valable que celui procuré par un savoir immédiatement utilisable. Et puis, il faut le rappeler, le latin est obligatoire pour de nombreuses disciplines des facultés des lettres.

6. Foin d'argumentation intellectuelle - on veut s'amuser, avoir du plaisir

Il y a du plaisir à s'occuper d'une langue en profondeur, à sonder la pensée des Anciens, à connaître des cultures d'autrefois, mais il y faut de la persévérance, comme pour le sport ou l'apprentissage d'un instrument de musique.

R. Surbeck

Votre enfant joue-t-il d'un instrument de musique?

Th. Wirth

Une enseignante de langues anciennes rétorque à des parents qui veulent savoir ce que les langues anciennes peuvent apporter à leur fille: quot;Votre fille joue-t-elle d'un instrument de musique?quot; Par sa question abrupte, cette enseignante veut montrer que les langues anciennes et la musique ont en commun le fait que, de prime abord, elles ne sont pas indispensables. On pourrait d'ailleurs affirmer la même chose d'autres disciplines enseignées dans nos gymnases.

Les objectifs communs de l'enseignement des langues anciennes et des autres disciplines

Toutes les disciplines ont en commun de développer l'aptitude à l'étude, et celle-ci passe par l'application, la persévérance, l'écoute, la réflexion, l'expression ... Qualités qui sont toutes exercées intensivement lors de l'apprentissage des langues anciennes qui, en plus, grâce à la rigueur qu'implique l'exercice de la traduction, affinent l'expression et la précision dans la langue maternelle. A cela s'ajoutent des données culturelles telles que l'ouverture à la pensée et au mode de vie des Anciens. L'apprentissage des langues anciennes fait découvrir aux élèves les fondements de la culture occidentale, sur lesquels s'appuient aussi de nombreuses autres disciplines. Il découle de là que cet enseignement est inévitablement orienté vers l'interdisciplinarité.

L'arrière-plan culturel de l'enseignement des langues anciennes

D'une manière générale, on enseigne une langue en vue de son utilité immédiate: communiquer oralement ou par écrit. Mais comprendre et savoir comment fonctionne la langue est d'une haute valeur formative. L'enseignement des langues anciennes contribue à cette réflexion et facilite du même coup l'apprentissage des langues modernes grâce aux divers cadres référentiels qu'il propose. Il pose en outre des problèmes d'ordre philosophique, chaque langue étant le reflet d'une perception du monde dont il faudra tenir compte dans la traduction. Il met en oeuvre une logique qui permet d'aborder non seulement des questions linguistiques, mais aussi scientifiques. Il serait donc faux de croire que l'enseignement des langues anciennes n'a d'autre but que de permettre finalement la lecture dans le texte des auteurs anciens.

Le propre des langues anciennes

Nous sommes le produit de ce qui était avant nous; nous avons une dimension historique, génétiquement parlant certes, mais aussi sur le plan de la langue et de la pensée. Les langues anciennes sont une excellente et passionnante occasion de prendre conscience de la profondeur des liens qui nous rattachent historiquement et culturellement au passé. L'Antiquité vit en nous, et nous survivra. En ce qui nous concerne, elle contient dans de très nombreux domaines les germes de la culture européenne d'aujourd'hui.

Suit une série d'exemples

  • de l'utilité de la connaissance des langues anciennes pour le lexique et l'étymologie, pour les structures grammaticales;
  • de la présence de l'antiquité (principalement grecque) dans notre façon de penser:
  • de son imprégnation du domaine des sciences (d'où les avantages retirés dans la nomenclature);
  • de sa marque dans la réflexion politique (démocratie, individu, État...), philosophique (logique, épistémologie, éthique, ...).

    En outre l'enseignement des langues anciennes dans sa dimension européenne est inévitablement intimement lié à la littérature et aux arts.

  • Th. Wirth

    Lettre d'information aux parents

    A. Kurmann

    Après un préambule dans lequel il annonce clairement sa position quant aux langues anciennes, A. K. développe ses arguments en 3 parties:

    I.

    1. Le latin n'est pas une langue quot;mortequot;, mais il a évolué au cours du temps et se survit dans les langues romanes étroitement apparentées entre elles. Le latin facilite l'apprentissage de ces langues.

    2. Le latin et le grec sont aussi présents parmi nous sous d'autres aspects: le CH de nos plaques minéralogiques, le Deus providebit de nos pièces de 5 francs, de nombreux termes de vocabulaires, qu'ils soient directement dérivés du latin ou du grec, ou qu'ils aient été formés artificiellement à l'aide de racines grecques ou latines.

    3. Notre environnement regorge de vestiges grecs et romains: routes, temples, théâtres. Les musées renferment des collections de vases, statues, outils ou bijoux antiques; sans parler des sites archéologiques tant prisés des nombreux touristes.

    4. Le latin et le grec sont encore présents dans d'autres domaines de notre vie quotidienne. Les services religieux solennels et les salles de concert retentissent des accents des Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus composés jusqu'à nos jours par les grands musiciens. La littérature classique ou contemporaine retient notre attention, or il n'y a guère d'écrivain occidental qui ne dépende de quelque manière de la littérature de l'Antiquité. Les représentations du théâtre tragique ou comique des Anciens rencontrent beaucoup de succès, même les troupes scolaires s'y exercent.

    Le latin et le grec sont donc bien présents parmi nous, et les étudier, c'est entrer en contact étroit avec les racines de notre quotidien.